Dans le cadre de la création d’un lotissement, une fouille a été réalisée de septembre à décembre 2006 sur une surface de 2 600 m² répartie sur deux emprises distinctes. Deux types d’activités des Xe-XIe siècles ont cohabité sur le site : une activité de stockage et une activité de production potière. Pour la première, deux bâtiments sur poteaux avec parfois des traces de sablières basses sont associés à une série de fosses et de silos de taille importante. Ces derniers ont livré un matériel carpologique carbonisé en grande quantité : blé et fève. De nombreux artéfacts, comme la découverte d’un éperon, la faune plutôt caractéristique de lieux de consommation aisés et les bloc de grès équarris avec des traces de mortier, évoquent la présence à proximité immédiate d’un établissement de qualité. La seconde activité est illustrée par la présence de six fours de potier et un fond de cabane. Cinq de ces fours sont piriformes avec un laboratoire plat et une languette attachée à la paroi, et de petite taille, d’un mètre environ, avec un alandier circulaire de taille équivalente. Le dernier four est de taille plus conséquente : 2 m de diamètre et 0,90 m de profondeur pour le laboratoire et 1,50 m de diamètre pour l’aire de chauffe. La production issue de ces fours est typique de la période : oule à fond lenticulaire, pot à anse ou bouilloire. Des prélèvements en vue d’une datation par archéomagnétisme ont été réalisés. Les résultats donnent, avec une probabilité de 95%, une datation de 971 (± 39) pour le four le plus ancien et une datation de 1033 (± 55) pour le four le plus récent.
Cependant le contexte réel du site, de par la vision réduite que nous en avons, ne permet pas de statuer : s’agit-il d’un simple atelier de potier, ou de la dépendance d’un domaine de type aristocratique ? Le gisement du Sentier Wargnier se trouve en effet juste en contre-bas du château de Labuissière, dont les premières mentions remontent justement aux Xe – XIe siècles.
Raphaël POURIEL, Responsable scientifique
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