Chantiers archéologiques

Carte:

Departement:
Nord
Commune:

Cambrai

Nom du chantier:

Le Nouveau Monde, tr2

Description courte:

Habitat rural agro-pastoral

Description:

Les premières traces d’occupation sont quelque peu ténues, elles sont figurées par un fossé curviligne et une fosse attribuables à la période hallstattienne. En l’absence de matériel caractéristique, la datation de cet ensemble repose sur une analyse radiométrique qui livre une datation comprise entre 820 à 760 avant notre ère. D’un point de vue plus général, l’étude carpologique réalisée sur le comblement de ces structures nous donne un aperçu du paysage se développant aux alentours durant cette période. La présence de Chenopodium rubrum (chénopode rouge), de Persicaria maculosa (persicaire) et de Sparganium erectum (rubanier dresse) plaide pour la proximité d’un terrain vague, plutôt marécageux.

 

Durant La Tène moyenne se met en place une véritable occupation structurée du site, sous la forme d’une très grande unité rurale enclose. Elle s’illustre par la création d’un grand fossé curviligne accompagne de fosses structurant l’espace interne et délimitant ainsi une zone réservée aux bâtiments, une zone de stockage et vraisemblablement une zone de pacage. Deux entrées sont aménagées avec soin (entrée en entonnoir) au nord et au nord-ouest de l’enclos. Deux bâtiments se développent le long d’un fossé interne est semblent définir la zone d’habitation. Une zone d’ensilage se développe au centre de l’enclos. Le reste de la superficie, pauvre en structure en creux, peut quant à lui être dévolu soit au pacage, soit à l’agriculture. Il est en effet difficile de déterminer quelles activités étaient pratiquées sur le site, l’étude palynologique s’étant révélée négative et l’étude carpologique semblant privilégier des activités domestiques au détriment d’une culture intensive. La faune révèle une dominance des animaux domestiques avec le porc, les caprinés, le bœuf, le cheval, le chien et le coq. Les apports en viande apparaissent donc diversifiés et reposent exclusivement sur des ressources domestiques. Aucune espèce ne domine le spectre de faune et un équilibre comprenant notamment le cheval et le chien a été mis en évidence. On peut toutefois noter l’abondance des restes de coq qui sont interprétés comme inhabituels et susceptibles de renseigner sur des pratiques plus en rapport avec le domaine funéraire. Ainsi, si l’on connaît peu de chose sur les productions et les activités de ce grand ensemble rural, on perçoit son évolution sur toute la période de La Tène moyenne et cela jusqu’au début du Ier siècle avant notre ère. Il semble connaître un accroissement de sa superficie avec la création d’une nouvelle entrée en entonnoir toujours réalisée avec un grand soin, l’enclos primitif passant de 17 700 m² à 19 500 m² pour ce qui est de la surface mise au jour. Cette dernière peut facilement atteindre les 25 000 m² si l’on prend en compte les restitutions.

 

Une seconde fois, sans doute, au début du Ier siècle avant notre ère, l’entrée principale est décalée vers l’ouest et de nouveaux fossés internes se mettent en place. Une fois de plus cette nouvelle entrée en entonnoir est réalisée avec soin et symétrie. De nouveaux fossés prennent place essentiellement au nord de l’emprise mais ne sont que partiellement conservés. Il semble enfin qu’au moins le nord de l’enclos soit réaménagé. C’est à la fin de cette époque que les premières crémations s’installent au niveau de la nécropole mise au jour en 2006. Si leur présence peut être mise en rapport avec l’abondance des restes de coq sur le site de vie, elles permettent également de nous éclairer sur les occupants de l’enclos et sur leurs activités. Les premières tombes qui s’installent sur la nécropole ont été rattachées à l’aristocratie gauloise, plus précisément à de grands propriétaires spécialisés dans l’élevage (thème iconographique du taureau présent sur des chenets découverts). Il est donc particulièrement intéressant de replacer ces sépultures dans le contexte de l’unité rurale. Elles peuvent en effet nous fournir des indices sur la fonction de ce grand enclos curviligne qui pourrait avoir eu une dévolution d’enclos d’élevage. Le parallèle est d’autant plus caractérisé que l’on retrouve les même caractéristiques céramiques que se soit au niveau de la nécropole qu’au niveau de l’unité rurale, c’est-à-dire une forte proportion de bols typologiquement variés.

 

Durant la phase III, de grandes modifications ont lieu dans le paysage. L’enclos curviligne est définitivement abandonné, on constate une translation vers l’ouest du noyau de l’occupation avec la création d’une nouvelle unité rurale. Cette dernière voit une fois de plus son entrée aménagée avec soin puisqu’il s’agit ici d’une entrée dite en touche de palmer. Le matériel livré par les structures de cette période est essentiellement céramique, seuls 46 restes de vertébrés ont été mis au jour. L’étude archéozoologique a toutefois mis en lumière la prédominance du porc, suivi dans l’ordre par les caprinés, le bœuf, le cheval puis le chien. Cependant contrairement à la phase précédente, il n’existe pas de trace avérée de consommation de ces deux derniers taxons. On constate toutefois que l’alimentation carnée reste diversifiée. Un seul bâtiment situé à l’intérieur de la ferme a été mis au jour, cependant il s’implante en limite d’emprise et il est possible qu’il n’ait pas été appréhendé dans sa totalité. Concernant l’environnement immédiat, c’est à cette phase que toute l’organisation des alentours de la propriété est remaniée, les axes orthogonaux qui apparaissaient de manière sous-jacente à la fin de la phase précédente, sont repris et développés, entraînant la création d’enclos quadrangulaires.

 

Au début du Haut Empire, l’entrée en touche de palmer n’est plus en activité. Il est difficile d’affirmer la réciproque pour l’unité rurale. De nouveaux enclos quadrangulaires sont installés sur l’emprise centrale. L’enclos occidental semble encore posséder une entrée aménagée et la présence d’un point d’eau atteste de la présence humaine.

Les restes fauniques issus des de cette phase ont livré des restes de blaireau, de campagnol, ainsi que de nombreux gastropodes terrestres, caractéristiques de la faune peuplant les forêts ou les sous-bois, on peut en déduire un reboisement rapide du site après son abandon. Hypothèse étayée par la présence de nombreux chablis ou autre bioturbations sur l’emprise.

 

La première Guerre Mondiale à Cambrai

 

Cette phase se matérialise par la présence de nombreux impacts d’obus, mais surtout par la découverte de sépultures d’urgence allemandes de soldat et de chevaux. La découverte de cadavres de soldats est fréquente sur les zones de front. Celle de sépultures est déjà plus rare car dans la plupart des cas, les corps ont été récupérés après le conflit pour être intégrés aux cimetières militaires. Le soin apporté à l’aménagement de cette sépulture est d’autant plus marquant, que les corps été alignés côte à côte, les visages tournés les uns vers les autres et pour deux d’entre eux main dans la main. Lors de l’exhumation, la découverte de boutons derrière leurs crânes (ornés d’une ancre marine et d’un aigle) ont permis de déterminer qu’au moins l’un des trois hommes appartenait à la troisième division allemande de marine. Cette section avait été appelée afin de contenir les assauts britanniques en 1918. Il se pourrait que ces trois soldats soient morts durant la bataille du 8 octobre 1918.

 

Hélène ASSÉMAT, Responsable de l’opération

Contacter Hélène Assémat

 

Articles:

Articles

ASSÉMAT H., RENARD S., « Escaut couloir et frontière, Structures rurales du site du Nouveau Monde à Cambrai », Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, numéro spécial, H. S., Université de Lille III, 2013.

 

ASSÉMAT-REIGNIER H., « La cité des Nerviens, les découvertes de Cambrai », Archéothema, Revue d’archéologie et d’histoire, numéro spécial, H.S., Fontaine-lès-Dijon, 2010/2011.

Rapport final:

Rapport final d'opération

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

Epoque:
  • Hallstatt
  • La Tène moyenne
  • La Tène finale
  • Haut Empire
  • Époque contemporaine
Superficie:
30400 m²
Aménageur:
Société Norevie
Plan du site de fouilles: