Chantiers archéologiques

Carte:

Departement:
Nord
Commune:

Cambrai

Nom du chantier:

Le Nouveau Monde, tr1

Description courte:

Nécropole gauloise et gallo-romaine

Description:

La nécropole du « Nouveau Monde » se compose de vingt et un faits funéraires dont dix-neuf crémations. Il s’agit d’un bel ensemble de tombes évoluant du Ier siècle avant au Ier siècle de notre ère, pouvant être réparti en quatre phases. Il nous livre ainsi deux cents ans de pratiques funéraires à la période charnière que représente la conquête de la Gaule.

Les premières installations appréhendées remontent au début du Ier siècle avant notre ère. Elles sont aménagées de manière soignée et sont munies d’un fond plat et de parois quasi verticales. Dans la plupart des cas, l’emploi d’un plancher est attesté, celui d’un coffrage supposé. On ne peut exclure l’existence d’aménagements de surface assez conséquents pour avoir été pérennisés jusqu’à la phase IV, comme le tendrait à prouver l’absence de recoupement, ainsi que l’évitement des implantations gallo-romaines au sein de l’aire définie par les tombes gauloises. La tombe 106 est particulièrement remarquable, l’amas osseux étant accompagné de divers mobiliers métalliques faisant référence au culte du foyer domestique (chenets en fer, restes de faune non brûlés, chaudron métallique, seau en bois à cerclage en fer, couteau). Au niveau des organisations internes, les sépultures se caractérisent par une quasi exclusivité du dépôt en pleine terre. Les dotations métalliques sont également pratiquement systématiques. La récurrence des bols, plus de la moitié des individus, et leur variété morphologique sont une particularité de cette phase. Ceux-ci sont carénés ou à profil en « esse », les deux se côtoyant couramment, et portent un cordon sur l’épaule. Ce même motif rehausse les parois des bouteilles et des pots ovoïdes. Aux côtés de ces dernières sont déposés, en un ou deux exemplaires, des pots piriformes et, plus rarement, des céramiques culinaires, principalement des pots ovoïdes à frise d’impressions. Tous ces éléments permettent une datation de la phase I du cimetière du « Nouveau Monde » située entre 100 et 60 av. J. C.

La phase II n’est représentée que par deux individus, dont un immature On constate une persistance de la majorité des rites. L’organisation des dotations est encore aérée et constituée de céramiques et d’objets métalliques. Quelques évolutions apparaissent néanmoins comme l’arrivée de la céramique tournée et l’emploi du contenant périssable pour le dépôt des restes du défunt. Avec six individus sur neuf, les formes déposées sont en majorité des bols de profil et de dimension divers. Alors que les profils carénés sont désormais absents, les bols à profil mouluré font leur apparition. Ils côtoient les bols à profil en « esse », pour lesquels on constate la disparition des décors de cordons. On note également l’apparition de la céramique tournée sur le site. On peut à l’aide de ces éléments daté la phase II du site de de 60 à 25-20 av. J.-C.

La nécropole perdure après la conquête de la Gaule. Deux autres phases sont encore perceptibles sur le site qui est occupé jusqu’à la fin du Ier siècle de notre ère. La phase III constitue ainsi la première période de l’occupation post conquête. On n’y décèle a priori aucune rupture dans l’organisation, les anciens lieux funéraires semblent conservés. On note toutefois des évolutions au sein des rites funéraires. Les creusements des fosses sépulcrales ne sont plus perceptibles, ce qui traduit un changement dans l’aménagement des parois, qui ne sont dorénavant plus habillées de bois. Les dotations au sein des tombes se regroupent. Les seules offrandes métalliques sont désormais des fibules. L’apparition des urnes cinéraires au sein du rituel d’enfouissement est également une des caractéristiques de cette phase. La céramique est majoritairement tournée. Hormis un petit bol en céramique fine, la vaisselle de table de cette troisième phase est exclusivement gallo-belge. Le bol, désormais en terra nigra, est, comme aux horizons précédents, la forme dominante. Les données et le fait que la tombe 19/20 contenait une paire de fibules de type Feugère 14a, permettent de borner cette phase entre 25-20 av. J.-C. à 65-70 ap. J.-C.

La phase IV, dernière période d’occupation distinguée sur le site, est représentée par le plus grand nombre de sépultures. Il s’agit exclusivement de tombes en urne, dont l’organisation interne est très resserrée. Si l’usage des urnes se généralise, on ne note pas encore de standardisation quant au choix des modèles utilisés mais quelques traits communs sont toutefois décelables. La phase IV livre trois exemplaires de pots ovoïdes tronqués au niveau de leurs panses - les transformant en forme ouverte - et utilisés comme réceptacle pour les restes du défunt. Les dotations apparaissent à première vue moins « riches », mais sont beaucoup plus standardisées. La céramique gallo-belge est toujours la catégorie la plus déposée avec 21 individus sur 29. De nouvelles formes ouvertes apparaissent : les assiettes à paroi droite et pincement interne, assiette à paroi concave et coupe à sauce. C’est principalement l’apparition massive des pots à lèvre effilée et de la céramique commune claire avec la cruche Camulodunum qui permet de placer cette phase entre 65-70 à 85- 90 ap. J.-C. Chronologie confirmée par la présence de fibule du type Feugère 22b1 et 14a.

L’absence totale d’amphore dans les dépôts de la phase III et IV est notable car elles sont souvent considérées comme marqueurs de la romanisation. Cette carence est conforme à la situation rencontrée dans l’ensemble des sépultures du Belgium qui semblent marquer leur spécificité par la consommation de boissons indigènes. En effet, le vin n’apparaît qu’en très faible quantité au sein de cette région et de façon tardive.

Concernant la crémation, le poids des amas est très aléatoire d’une sépulture à l’autre et totalement indépendante du phasage. Il s’agit peut-être d’une conséquence du tri des esquilles après leur passage au bûcher. Pour la faune, 9 sépultures ont livré des témoignages de l’implication de l’animal dans le rituel funéraire. Il s’agit pour huit tombes de restes de porcs et pour une des restes d’une poule. Ces animaux sacrifiés participent au repas funéraire et à son partage entre les vivants et le mort. La tête de porc constitue le dépôt le plus fréquent dont il ne subsiste souvent plus que les dents. Les demi-têtes de porc ont été déposées avec le reste du mobilier funéraire.

 

Hélène ASSÉMAT, Responsable de l’opération

Contacter Hélène Assémat

 

Articles:

Articles

ASSÉMAT H., Coll. GINAUX N., LEMAN-DELERIVE G., LORIDANT F., « Le cimetière du « Nouveau Monde » à Cambrai. Étude préliminaires », Bulletin de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du fer, n°25, 2007, pp. 71-73.

 

ASSÉMAT H., « Le cimetière du Nouveau Monde à Cambrai (france) », Lunula, Archaeologie protohistorica, Leuven, 2007, p.213-215.

 

ASSÉMAT-REIGNIER H., « La cité des Nerviens, les découvertes de Cambrai », Archéothema, Revue d’archéologie et d’histoire, numéro spécial, H.S., Fontaine-lès-Dijon, 2010/2011.

 

ASSÉMAT H., RENARD S., « Les nécropole Laténiennes du nord de la France, le Site du Nouveau Monde de Cambrai », Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, numéro spécial, H. S., Université de Lille III, 2013.

 

Rapport final:

Rapport final d'opération

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

Epoque:
  • La Tène finale
  • Haut Empire
Superficie:
2 500 m²
Aménageur:
Société Norevie
Plan du site de fouilles: